dimanche 30 mars 2014

Mots d'enfants; histoire de bébé

Petit matin tranquille.
Je plie du linge, tandis que petit Caillou  (3 ans) est à mes côtés.
- Tiens tes nouveaux petits slips de garçon (on venait d'en acheter avec des voitures !), sont tout propres. Tu vas pouvoir les mettre maintenant !
- Toi t'es une fille ! qu'il me répond, avant d'ajouter;
- Et c'est les filles qui ont les bébés dans leur ventre !
- Ben oui c'est comme ça !
Il regarde dehors, vers l’enclos des animaux et ajoute :
- Maintenant que Biquette elle est grande (le printemps passé elle n'était qu'un petit chevreau que l'on nourrissait au biberon), elle veut avoir un bébé !


Quelques jours plus tard, petit Caillou sort du bain et tandis que je l'essuie il me dit :

- T'as vu c'est comme toi, moi aussi j'ai des seins.
Et son frère (12 ans) qui renchérit :
- Oui, mais les filles elles sont chanceuses parce qu'elles peuvent allaiter.
Et moi :
- Ah bon, tu trouves que nous sommes chanceuses de pouvoir allaiter ?
- Oui, et en  plus c'est toujours vous qui portez les bébés dans votre ventre.
- Tu es sûre qu'il n'y  a aucune espèce où le mal porte ses petits ?
- Ah oui, c'est vrai, il y a l'hyppocampe, mais c'est dans une poche.
Et le petit Caillou qui ajoute son grain de sel :
- Le kangourou aussi porte son bébé dans une poche sur son ventre !

Ça m'impressionne et m'émeut beaucoup lorsque tout à coup on a accès à leur vision et compréhension du monde. Mon grand, qui trouve les femmes chanceuses de pouvoir allaiter et porter les bébés... ce qui signifie qu'il a une image positive de tout ça. De son point de vue, ce qu'il voit autour de lui est simple, naturel, chouette, inspirant et sans tabou.
Puis mon tout petit, qui assemble des éléments, fait des liens, grandit, compare, se construit, appréhende le monde et le comprend pas à pas.
J'adore ces moments.

vendredi 28 mars 2014

La gastro a mis maman sur le dos !


Ben voilà, on avait échappé aux petites misères tout l’hiver ! Mais notre tour est arrivé à un moment forcément, où le temps était compté ! C’est que la Miss avait son examen de ballet et ensuite on partait … un voyage qui avait été tellement espéré, rêvé. Aussi j’avais décidé de m’attaquer à la coiffure de Riviera, avant tout ça. M’attaquer étant fort approprié, puisqu’autant elle que moi avions beaucoup de difficulté avec ce passage obligé. Je sais, je sais pourquoi ne pas ne le prendre autrement, en chantonnant et veillant à la tombée de la nuit, entourées d’amies sur la galerie ! En Afrique, en Guadeloupe, en Haïti, ces moments font partis de la Vie et sont remplis de complicité entre les femmes, alors que chez nous c’est le drame. Il faut dire que pour les douces soirées d’été on n’y est pas tout à fait ! La galerie est ensevelie sous 4 pieds de neige et les amis ont eu tôt fait de comprendre le piège; moment de complicité mon œil, pour ça il faudrait que la Miss le veuille ! Et sa préférence va plutôt à s’égosiller et nous insulter ! Il faut reconnaitre, que même avec beaucoup de douceur, c’est un gros labeur et certainement quelques douleurs. Bref on s’était attelées à la tâche, motivées, parées de jeux, livres et DVD afin de surmonter les heures que nous allions passer à démêler et recoiffer. Environ 50 des 150 000 petites tresses étaient défaites, quand petit Caillou s’est plaint d’avoir mal à son petit bedon tout rond. Hop, un petit tour vers le pot, béqué bobo et on s’y remet, si on veut terminer ! Quinze minutes plus tard, mon petit têtard se plaignait à nouveau de gargouillis dans son bedon rebondi. Hop, un petit tour sur le pot, béqué bobo et s’y remet, si on veut avancer. Sauf qu’à la troisième escale au petit pot, ça s’est déclaré : diarrhée. J’ai rassuré mon petit Caillou, l’ai couché sur le canapé à côté de nous, avec son petit air mou et me suis remise à démêler, si on voulait avancer ! Maintenant que l’on avait commencé, impossible d’arrêter. Jamais Riviera ne se pointerait à son cours de ballet avec sa crinière dans cet état, aussi on a passé la journée comme il se doit; allaiter, essuyer, coiffer, allaiter, encourager, coiffer, allaiter, désinfecter, coiffer, allaiter, douter, sacrer, allaiter, essuyer, changer, coiffer, parfois tout en même temps, et ce deux jours durant ! Le pire c’est que j’ai dû décommander la dame qui devait venir nous aider, on n’allait pas risquer de la contaminer !
Non en fait le pire, c’est qu’après avoir réussi à coiffer Riviera à temps pour son cours de ballet, j’ai commencé à vomir ! C’est ce qui arrive quand on passe son temps à ramasser les rejets contaminés de nos amours adorés ! Riez, je suis certaine que vous comprenez !!! Le pire du pire restait à venir… L’homme avait tout fait pour décaler, reporter, annuler, ses réunions, conversations et conventions. Mais là il devait y aller. Et comme d’habitude je lui ai soufflé ; ça va aller, ne t’inquiète pas, on va s’en sortir sans toi. Et une fois que tout le monde a été au lit, il est partit... au bout de la 20, incertain, pas vraiment serein. Sauf qu’au petit matin, j’étais au plus bas, dans un sale état. Je n’avais pas imaginé que je serai autant fatiguée, vidée, épuisée… dans les chaussettes le moral, sans compter que ça faisait mal ! Et petit Caillou, qui voulait être porté, allaité, allaité, porté, porté, porté, allaité, allaité. Bon vous avez compris, le genre de journée à peine entamée qui pourtant nous a déjà épuisée, le genre de journée qui semble impossible à surmonter, le genre de journée où on n’a même pas quelqu’un à appeler qui pourrait venir nous aider, le genre de journée ou l’on touche à la limite de notre statut de mère au foyer. Pourtant rester alitée une toute petite journée, ce n’est pas beaucoup demander et ça permet de récupérer, de se remettre sur pied. Heureusement, en plus de mon petit Caillou malade et maussade, j’ai des grands. Ils ont cuisiné des crêpes pour le dîner, se sont organisés, ont joué, nourris les animaux, et même avancé leur tricot ! Ce qu’ils étaient beaux !
J’ai apprécié, j’ai savouré, je les ai remercié.
J’ai aussi rêvé de fonder une sorte d’escouade pour soutenir les mères malades !
Imaginez, un numéro magique pour les journées tragiques !
Un petit coup de main pour de meilleurs lendemains.
Des super héros prêts à braver la gastro le temps que maman aille faire dodo !
Des supers héros pour éviter les mamans sur le dos !

Une semaine plus tard, mon petit têtard est guéri et  moi aussi.
Alors on est sorti et à défaut de galerie, on a fait comme Fleur de Paix l'avait suggéré, on a profité de l'hiver en attendant nos aventures printanières. 
Quant à mon escouade j'ai bien l'intention de la fonder lorsque mes enfants auront moins besoin de leur maman. 


lundi 17 mars 2014

Mission échouée prise 2

La crise est passée, les hormones se sont calmées, ma poulette s'est apaisée et moi j'ai relativisé !

Aujourd'hui, elle a travaillé, joué, aidé, rigolé... un vrai bonheur ensoleillé !
De mon côté j'ai réussi à ne pas m'énerver, à reformuler avec le sourire s'il vous plait, à respirer par le nez, à apprécier et vivre de la fierté... finalement je ne suis peut-être pas si pire comme mère, je suis sincère !
A plusieurs reprises, j'ai observé mon petit monde à la dérobée,comblée de leur offrir de si belles journées, heureuse et satisfaite de pouvoir leur donner accès à quotidien qui leur va si bien. Des journées entières à donner vie à leurs passions et créations.

N’empêche que ça m'a donné à réfléchir, empêché de dormir. Parce que je n'ai jamais rêvé de crier, d'exiger, d'élever mes enfants avec autorité, d'user de la fessées ou de corvées imposées. Ce type de philosophie et de relation ne m'ont jamais tentées et ne font pas partie de ce que nous avons envie de vivre dans notre maisonnée. Toutefois force est de constater, qu'il y a des ratés. Et que parfois pour m'inspirer, m'apaiser, ou tout simplement m'accrocher à une bouée j'ai exploré toutes sortes d'écrits et de théories. Si cela a le mérite de valider que notre monde rêvé peut bel et bien exister, cela vient aussi confirmer mes manquements de maman et réveiller le sentiment de jugement.

Parce que même s'il nous arrive à toutes d'être découragées, dépassées, fatiguées, c'est drôlement dur à avouer. Pourtant ça fait partie de la réalité. Être maman à la maison ce n'est pas seulement jongler avec le lavage de couches, un nombre remarquable de jours sans réussir à prendre une douche, nourrir des petites bouches ou carrément être sur la touche ! Être maman à la maison c'est aussi être débordée, surmenée, tannée et surtout faire comme si de rien n'était. Ne jamais avouer, au grand jamais, que l'on a craqué, que l'on s'est écroulée. Ne jamais, au grand jamais, avouer que l'on a piétiné nos rêves de perfection, d'abnégation envers nos rejetons. Motus et bouche cousue, sur ce qui ne serait être entendu, soutenu.

Si la plupart des professions ont leur ordre ou syndicat pour les protéger, faire avancer leurs idées, veiller à leurs intérêts, progresser leur notoriété, indemniser en cas d'insuccès, reconnaitre leur ancienneté, assurer leur santé ou leur congé de maternité, les mamans à la maison, elles, sont laissées à l'abandon. Pas d'association, pas de compensation, encore moins de compassion.

Mais c'est de notre faute, parce que justement on vise le sans faute !

On s'est pas frittées avec nos meilleurs amies, parce qu'on a plus la même conception de la vie,
On ne s'est pas éloignées de certaines personnes que l'on aimait, parce qu'on ne partageait plus les mêmes réalités,
On a pas lâché nos jobs et nos salaires, pour être des mères de misère,
On a pas remisés nos diplômes, seulement pour élever nos mômes,
Non, on veut avoir l'air pétillante, heureuse, épanouie, pleine d'esprit ! En plus de mener notre petit monde dans la joie et la bonne humeur, de tenir la maison, et de prendre soin du voisin, on va aussi se partir un projet d'entreprise, histoire de montrer que l'on est pas complétement aliénée, qu'il nous reste quelques capacités, en dehors des couches à changer et du salon à ramasser !

Non, on ne va pas s'apitoyer, s'abaisser à pleurnicher, oser avouer que parfois on doute et que l'on craint de faire banqueroute. Non, on ne va pas abdiquer, se rétamer, se tirer dans le pied et donner raison à tout ceux qui semble ne rien avoir à dire au sujet de notre avenir.

Parce que si nous sommes mamans à la maison c'est que nous avons des idéaux, que nous visons haut ! Soyons clairs, on ne reste pas à la maison pour regarder la télé toute la journée !
Si nous sommes mamans à la maison c'est que nous avons espéré réussir à offrir, un quotidien fait de douceur et de rire.
Si nous sommes mamans à la maison c'est que nous avons voulu profiter de chaque instant, auprès de nos enfants.
Si nous sommes mamans à la maison, c'est que nous avons voulu éviter les routines effrénées et nous consacrer à ce qui nous semblait une priorité.
Si nous sommes mamans à la maison, c'est que la maternité nous a séduit, et donné envie d'agrandir la fratrie.
Si nous sommes mamans à la maison, c'est que nous avons cru, que c'était ce qu'il y avait de mieux pour notre tribu.
Si nous sommes mamans à la maison, c'est que nous avons choisi ce mode de vie.
Si nous sommes mamans à la maison, c'est que nous avons un compagnon certainement ouvert, qui ne pense pas seulement aux conséquences d'un seul salaire,
Si nous sommes mamans à la maison c'est que nous avons pensé pouvoir nous réaliser tout en élevant notre trâlée.
Si nous sommes mamans à la maison c'est que nous avons rêvé et nous sommes organisées pour le réaliser.

Alors pas question d'avouer, qu'il y a des jours où on a le goût de tout lâcher !

mercredi 12 mars 2014

Mission échouée

Voilà c'est dit!

Échouée, ratée, merdée... Peut-être même massacrée la mission de maman à la maison, la mission de maison sans tension, la mission de compassion, d'abnégation, d'être prête à tout pour ses rejetons! Foirée, scrapée, et pourtant ce n'est pas faute d'essayer. Bon je sais ça nous arrive à toutes d'être découragées, puis pour peu que l'on soit à la veille d'être menstruées, la réalité vient d'être augmentée !


N'empêche que j'en ai marre de galérer avec ma princesse adorée, marre de passer mes journées sur le point d'exploser, marre de me coucher dépitée à essayer de me consoler en me disant que demain je me reprendrais et que cette fois ci j'y arriverais, sans crier, ni fulminer et même avec le sourire s'il vous plait!


J'en ai marre aussi de lire sur la bienveillance, la tolérance, l'absence de conséquence, la fin des punitions, de la frustration et des rebellions, le partenariat gagnant-gagnant sans perdant, la sérénité assurée lorsque les besoins sont comblés. J'en a ai marre de lire tout ça parce que ça fait sens pour moi, sauf que trop souvent je n'y arrive pas. Résultat, le moral au plus bas!


Non mais c'est vrai quoi, il y a des parents qui y arrivent vraiment, ou c'est juste moi qui ne l'ai pas?


Vous y arrivez, vous, à rester zen peu importe ce que la tempête amène, à ne pas crier même si le toit de la maison est en train de lever, à combler les besoins de chacun, à respirer par le nez quand ça fait quatre fois dans la matinée que l'on vous envoie promener, à expliquer, rassurer, accompagner sans jamais vous lasser ni vous énerver, à allaiter 45 000 fois dans une journée, à apprécier l'ampleur du cahot sans fondre en sanglot, sans paniquer, douter ou accuser?


Il y a des jours où j'ai l'impression d'avoir tout raté, où je me demande où je me suis trompée, ce que j'ai fait pour engendrer une fillette à ce point difficile à apprivoiser? Pire il y a des jours où je m'inquiète pour l'avenir de ma poulette. Bon je sais les mères on exagère puis avoir du caractère ça évite bien des misères. Mais il y a des limites au caractère, du moins il y en a à ma confiance de mère... Et je deviens amère.


Pourtant j'ai déjà traversé cette zone de turbulence avec mon fils et on en est sortis plus complices, après le supplice. Alors je devrais savoir et croire qu'avec le temps et l'engagement certains tourments s'estompent....mais si jamais je me trompe ?

lundi 10 mars 2014

Les femmes de ma vie

Comme prévu je ne me suis pas relevée après la tétée du coucher.
Mais même si le 8 mars est passé je voudrais vous partager ce que j'avais préparé.

Ainsi il y a dans ma vie des petits bouts de femmes et des grandes dames. Une petite mini qui est née à minuit, d'autres qui entrent dans la puberté et viennent de découvrir que leurs seins ont commencés à pousser, des plus grandes adolescentes et des mères, grands-mères, arrières grand-mères. 

Il y a dans ma vie, ma chipie chérie... Je ne lui ai pas donné vie et pourtant je la nourris. Elle me fait vivre des mauvais quart d heure, me passe dans le tordeur, parfois obscurcit mon bonheur, agrandit mon labeur, mais surtout mon cœur. 

Il y a dans ma vie, les amies de ma chipie, des petites poulettes à couettes, guillerettes !

Il y a dans ma vie, des femmes qui ont construit leur maison avec leur compagnon, d'autres qui ont des ateliers de jouets ou ont trouvée le courage de retourner à l'université pour dévoiler au grand jour leur créativité. 

Il y a dans dans ma, vie des femmes qui peignent, cousent, tricotent, mijotent, jardinent, cuisinent, soignent et accompagnent, tandis que d'autres méditent ou font de la musique.

Il y a dans ma vie, des femmes amoureuses, d'autres plus songeuses.

Il y a dans ma vie, des femmes avec leur corps ... Un corps à apprivoiser, à célébrer. Un corps avec lequel  faire la paix et accepter les beautés. Un corps qui vaut de l'or même si bien souvent il accuse le poids du temps, ridé, enrobé à force de grossesses rapprochées ou de réalités lourdes à porter.

Certaines sont juste à côté, toujours disponibles à aider, échanger, discuter... Venir veiller!
D'autres sont trop loin, au bout de la 20 ou de l'autre côté de l'océan, sur le vieux continent.

La plupart ont des enfants, des petits, des moyens, des grands... Des bambins tannants ou charmants selon le temps!

Elles sont passionnées, parfois esseulées, essoufflées, mais toujours prêtes à s'enthousiasmer. 

Toutes en ont plein les bras, et je les soupçonne d'aimer ça! 

Merci de faire partie de ma vie, de m'inspirer, de m'accompagner, d'être toujours si disposées à partager mes envolées.

Vous êtes belles et rebelles et je vous aime de même !



samedi 8 mars 2014

Et bien voilà

C est du tout à fait moi ça!
J'ai passé la semaine a préparer des trucs, des billets, des pensées, des souhaits, puis le grand jour rien, complètement a plat!
Ce soir, portrait d une vrai femme: crevée, fatiguée, qui ne rêve que d'aller se coucher!
Les monstres ont été diaboliques, cacophoniques et moi un tantinet colérique ... Je n ai pas trouve une seconde pour écrire quoi que ce soit, meilleure chance la prochaine fois!
Et je sais qu après la tétée visant à anesthésier le petit dernier, je ne me relèverai pas... 
Tant pis ce sera pour une autre fois!

vendredi 7 mars 2014

Des lunes rouges pour les femmes



Il y a quelques années j’ai eu la chance de participer à un magnifique rituel… un rituel que je transmettrai à mon tour bientôt. Une retraite entre femmes pour renouer avec notre féminité. J’en avais envie depuis longtemps, tout en hésitant. Puis c’est arrivé, je me suis décidée, quelques semaines après que notre petite fille d’Haïti soit décédée. J’avais besoin de m’accrocher, de me lier, de renouer… de faire la paix.
Pendant ces quelques jours nous avons revisité notre vie, de notre naissance à aujourd’hui.
Pendant ces quelques jours nous avons été conviées à parler de notre féminité. Forcément les larmes ont coulées… puis des sourires se sont révélés !
Pendant ces quelques jours nous avons été invitées à trouver notre bâton… bâton que dorénavant nous allions retrouver à chacune de nos lunes pour y inscrire nos fiertés et aussi nos souhaits… bâton qui dorénavant donnerait un sens à nos pertes mensuelles, offrirait l’occasion de s’accorder un moment de ressourcement, de célébration et de création.
Pendant ces quelques jours nous avons été incitées à nous considérer, à nous accorder de l’intérêt, nous faire passer de temps en temps en premier, chaque fois que le sang coule et qu’avec lui nous sommes en lien avec la vie.
Pendant ces quelques jours nous avons été encouragées à mettre un frein au quotidien pour entamer notre refrain.

Ainsi il y a des jours où je me suis donnée congé de dîner, les enfants se sont arrangés, libres dans le garde-manger… party assuré ! D’autres où j’ai travaillé mon bâton en plein cœur de la maison et des diverses occupations. Il y a eu aussi des moments vraiment sereins, seule au fond du jardin et encore d’autres avec un petit au sein !

C’était il y a 10 ans et depuis tout ce temps, chaque mois j’ai tissé, brodé, perlé, enfilé, tressé ce qui est devenu le symbole de ma féminité. J’y ai inscrit mes peines et mes regrets, mes tourments, remerciements et engagements,  mes envies, mes folies, mes rêveries… ma vie. J’y ai trouvé des temps de réflexion, l’occasion de démêler de grandes questions, la possibilité d’en parler, de partager… bien des fois je me suis pointée dans le bureau ou dans le salon avec mon bâton pour raconter à chacun pourquoi j’avais tissé ceci ou cela, ce que j'avais inscrit pour lui ou pour moi.

En ce début de mois, le sang est là. Alors je vais prendre mon bâton, l’orner de perles et de fils colorés, pour souhaiter aux femmes du monde entier
de se sentir et se savoir belles, de se laisser pousser des ailes
de vivre en confiance et en sécurité, l’âme en paix
qu’elles et les leurs soient en santé et vivent la sérénité
que leur féminité ne soit plus jamais niée, bafouée, utilisée, marchandée, violée, mais respectée et honorée
de connaitre l’amour, tous les jours
d’exister, de pouvoir se réaliser et ressentir de la fierté
de surmonter les pertes et tragédies, qu’afflige parfois la vie
d’être soutenues, reconnues et entendues
de pouvoir accepter, apprécier, dévoiler et déployer ce trésor qui nous a été confié; notre féminité
Q
ue le sang qui coule ne soit plus l’œuvre des bandes armées, mais le symbole de le fertilité!

 



jeudi 6 mars 2014

Le pouvoir de choisir


Avec le 8 mars à nos portes, les médias inondent les papiers et les ondes de portraits de femmes… de préférence publiques qui dans les hautes sphères gravitent, des femmes performantes qui ont fait carrière et brisé le plafond de verre, des femmes avec des postes à hautes responsabilités mais chichement rémunérées (on oublie souvent de le mentionner), des femmes qui ont osé et excellé dans des métiers réservés aux hommes par le passé, des directrices qui ne comptent plus leur sacrifice, et d’incroyables indétrônables  se sentant toute la légitimité de s’exclamer que ; ‘’Le pouvoir est à la portée des femmes’’, ‘’qu’il faut qu’elle cesse d’avoir peur’’,  ‘’qu’elles doivent impérativement gagner en confiance et estime d’elles’’… des mantras de droguées de la compétition, de l’ambition et de l’ascension … bien loin de la maison ! Si je me retiens de fulminer, je dois reconnaitre que j’aurai adoré lire des articles sur toutes les beautés des femmes, leurs talents, leurs dévouements … parce que j’ai davantage la sensation d’assister à un procès, une mise au banc des accusées; l’étalage de ce que nous ne sommes pas encore, de ce que nous lambinons à faire, le vieux carcan des femmes apeurées, hésitantes, emplies de doutes, timides, et ainsi de suite.

Pourtant les femmes autour de moi sont magnifiques; pimpantes adolescentes ou ridées expérimentées, elles travaillent, entraident, initient, contribuent, soutiennent nombre de réalisations professionnelles, familiales, collectives ou personnelles, en plus bien souvent de veiller sur leur communauté. Certes l’air du temps est aux marchés financiers, à la compétition et aux gains, mais les autres métiers n’en sont pas moins désuets. En quoi administrer des services du secteur de la santé, de l’éducation ou d’une maisonnée est moins porteur ou plus facile que celui d’un institut financier ? Nombre de femmes combinent de multiples occupations  et multiplient les mandats à l’intérieur d’une même journée… à quand un petit peu d’intérêt pour cette réalité ? D’où vient ce genre d’idées préconçues, énonçant que les femmes manquent de confiance et d’assurance ? Quelle femme est d’accord avec ce type d’information ? Peut-être que les femmes se retrouvent moins à certains types de postes, mais est ce forcément la faute des méchants hommes et des faibles femmes aux montées d’hormones ou plutôt parce que ce type de parcours implique des choix qui ne leurs conviennent pas? Chaque fois qu’une femme effectue un choix, prend une décision intime, elle use de son pouvoir et pas forcément de son manque d’estime. Chaque fois qu’elle prend soin de quelque chose ou de quelqu’un, qu’elle aide, qu’elle veille, qu’elle enseigne, qu’elle éduque ou qu’elle soigne, même si c’est très traditionnel, elle sème une graine…. Une graine d’espoir, pour un monde meilleur, plus juste, plus sain, plus heureux, plus équitable … pas toujours rentable. Elle use de son pouvoir pour créer le monde à l’image de sa vision, de ces envies, de ses possibles, de ses rêves et ses espoirs, de ses valeurs et de sa conscience… de ce qui fait sens.

Lorsqu’on passe sa vie à assurer un minimum de dignité aux personnes âgées, auprès d’enfants malades ou handicapés, de fratries pleines de vie, je crois qu’il faut être incroyablement courageuse,  persévérante, déterminée et sûre de soi… peut-être encore davantage que pour créer des alliances, signer des contrats ou faire fructifier des colonnes de chiffres négatifs !
Mais l’idée ici n’est pas de décrier une profession au profit d’une autre, mais plutôt de d’oser demander; à quand à l’équité ? A quand, la possibilité d’exercer le métier qui nous plait, sans avoir à prouver sa valeur, sa nécessité et le cœur que l’on y met. Oui des femmes, et des hommes aussi, ont du mener des batailles pour une certaine égalité, et je les en remercie de pouvoir en bénéficier. Mais l’égalité et l’équité sont des choses bien différentes.

Quant à moi, je suis ravie d’élever mes enfants… même si c’est un métier qui ne compte pas vraiment. Sans vacance, sans salaire, sans parlementaire, sans confrère j’estime malgré tout que d’ici 20 ans j’aurai fait fructifier plusieurs talents et avec un peu de chance obtenu un bon rendement !

Pour terminer, j’aimerai partager une petite anecdote. Un jour, alors que nous étions en Mauritanie avec mon compagnon, une situation m’a donné à réfléchir. Certes la Mauritanie est connue pour ces différentes pratiques barbares à l’encontre des femmes, mais quand même. Après avoir sillonné pendant des heures, plusieurs dizaines de kilomètres de pistes en plein désert, nous avons enfin trouvé le campement nomade que nous cherchions. Comme chaque fois notre arrivée a suscité une petite agitation et fidèles à leur sens de l’hospitalité les femmes se sont rapidement mise à faire bouillir de l’eau pour le thé tout en nous expliquant que les hommes étaient absents, car ils étaient partis voter. Mon esprit de jeune occidentale n’a pu s’empêcher de tempêter intérieurement et mon cœur de s’indigner. Pourtant au fil des jours passés en leur compagnie, force a été de constater que si les hommes votaient sur papier, les femmes décidaient de la tournure des journées; elles élèvent les enfants, s’occupent du bétail et des échanges commerciaux, prennent part aux discussions quant aux déplacements du clan et vivent en harmonie avec les hommes du campement. Je ne dis pas qu’elles n’ont pas besoin de voter, au contraire, je leur souhaite sincèrement d’avoir accès un jour à cette façon supplémentaire de s’exprimer. Sauf que cela m’a appris qu’à tout vouloir uniformiser, on en oubli la spécificité, l’unicité, le pouvoir de chacun. La possibilité de chacun à faire la différence, à contribuer, à sa façon, à la manière qui lui est propre, en accord avec qui il est.

Il y a une très grande nuance entre avoir le pouvoir de faire des choses et vouloir le pouvoir.

mercredi 5 mars 2014

Tricoté serré


Et oui encore une histoire de grand-mère ! Il faut dire que les miennes avaient tout pour plaire et ont contribué à faire de moi une mère de carrière. Puis elles ont parfois payer cher leur tribut de mère. Je dois avouer, que je suis impressionnée de voir à quel point les choses ont changées au cours du siècle dernier. Le statut de la femme a été reconnu et celui de la mère... en a perdu. Mais ainsi va la vie, avec des pas en avant et d'autres en arrière jusqu'à ce que nous soyons toutes libres et fières de nous réaliser chacune à notre manière. 

Ma grand-mère a 85 ans… 85 ans de plus que mon bébé en gestation*, dans mon bedon.
Ma bedaine pleine de vie, je pense à elle et à toutes ses chandelles.
Ma grand-mère a eu trois garçons, tricotés serrés fait maison. Elle en a élevé deux autres, selon les saisons, presque adoptés par nécessité. Elle a goûté aussi 3 fois aux broches à tricoter… sans bébé à la clef.
Des petites vies pourtant bien accrochées, déjà installées dans son cœur de maman dévouée, mais arrivées au mauvais moment, un temps sans argent, un temps ou tout est compté tout le temps, serré dans le temps. Un temps ou les heures travaillées n’arrêtaient jamais, n’étaient jamais assez, jamais assez payées. Pourtant ma grand-mère en plus de ces garçons, elle ne chômait pas, la maison ici, l’épicerie là ! Les enfants d’un côté, les clients coûte que coûte, les factures empilées, mon grand-père sur la route. Alors la dame arrivait, avec ses broches à tricoter, supprimait ce que l’on ne pouvait se permettre de désirer… puis repartait comme si de rien était et la vie reprenait. Pas le temps de s’apitoyer, fallait travailler, nourrir la maisonnée… n’empêche que dans son cœur, ma mamy a dû avoir peur, regretter ses bébés décrochés, pleurer sa blessure qui ne se guérit pas à l’usure. Et pourtant elle a continué son ascension, de s’occuper de ses garçons, de garder ceux des environs.
Quand mon bébé sera né, je lui déposerai dans ses vieux bras fatigués.
Pour, lui, elle a tricoté serré !
Pour lui, elle a ressorti ses broches à tricoter, jadis délaissées et elle a confectionné des gilets, des bonnets, des chaussons à cordons, une couverture pleine de ses murmures… une vraie layette de bébé, souhaité, désiré, attendu, voulu.

Une maille en avant, une maille en arrière, moment émouvant, moment amère… mais toujours mère, puis grand-mère et même arrière grand-mère maintenant de tous ces enfants portés au fil du temps.
Ma grand-mère a 85 ans, elle a tricoté pour mes trois enfants… tricoté serré l’héritage de sa vie usée.

* J'ai écrit ce texte il y a déjà presque 4 ans et la vie m'a gâtée car j'ai pu déposer mon bébé dans ses bras fatigués... j'ai vu briller ses yeux voilés, et savouré le bonheur de la contempler comme si le temps s’était arrêté.