mercredi 29 octobre 2014

Apprendre en liberté

Aujourd’hui je suis allée à la
didacthèque de l’université, question de me renseigner. C’est que pendant que j’avais la tête en l’air, mon grand est passé au secondaire; méchante affaire ! A écouter l’entourage le monde vient de basculer, nous marchons en terrain miné, c’est que le secondaire s’est compliqué, il faut se démener. Pourtant mon grand est le même enfant qu’avant… juste un peu plus adolescent.

Cette année supplémentaire fait que toute  l’insouciance de la petite enfance, la confiance acquise au fil des années, toutes les journées appréciées à laisser couler, sont un brin chamboulées, questionnées, revisitées, le temps de se faire à l’idée. Le temps de faire taire les commères, les vieilles langues de sorcières. Le temps surtout de produire notre plan d’enseignement à notre chère, commissions scolaire. Un plan pour démontrer que l’on reste collés à la réalité, dû moins celle que le programme a édictée. Un plan chargé de côtoyer des matières imposées, des faits déterminés, des apprentissages encadrés, balisés, structurés, pas forcément dignes d’intérêts, mais décidés, voir imposés, par des pédagogues diplômés, soucieux d’éduquer (d’endiguer) et de contrôler nos rejetons passionnés !

Aussitôt en dedans, j’ai passé un sale moment; enfermée à respirer de l’air recyclé, sous des néons en rangées, pendant qu’il faisait beau dehors, qu’à cette époque de l’année le soleil vaut de l’or, puisque demain il ventera fort, et qu’au fil des mois à venir nous serons à moitié morts !

J’ai tourné des pages de livres et de cahiers sans rien y trouver… sans parvenir à m’empêcher de déprimer; j’aillais vraiment enfermer mon fils dans ce monde cloisonné, le forcer à ingurgiter ces condensés, fragmentés, succédanés de la réalité, pré mâchés, préparés pour être assimilés, puis éprouvés, testés, évalués… avant d’être oubliés.

Lorsque je vois des pages pleines de facéties, homonymies, hégémonies, trigonométrie j’ai du mal à y voir un sens avec la philosophie ou la poésie de la vie. Je sais certains m’accuseront d’utopie et me rappelleront que seuls les mieux formés se feront embaucher alors que l’avenir semble troublé. Seuls quelques-uns auront accès au succès, destinés à cartonner, à se faire envier, à parader leur notoriété. L’heure est au marathon d’échelon, d’ascension, de rémunération et fiston que ce soit clair, ça commence dès le secondaire, n’en déplaise au cœur de ta mère !

Mais si on ne vit pas de l’air du temps lorsqu’on est enfant, ou même adolescent, quand vit on tranquillement ? Quand vit on sa légende personnelle, celle qui nous murmure et nous appelle. Parce qu’après, on aura été tellement bien briffé, que l’on commencera sagement à travailler, pas forcément dans un domaine qui nous plait, à assumer nos responsabilités, éduquer notre trâlée, cumuler, cotiser, préparer notre retraite anticipée ... Et finalement enfin en profiter à condition de ne pas tomber malade, devenir maussade ou tout simplement finir par trouver la vie fade, tomber dans une embuscade.

Attendre d’être retraite pour (ré) apprendre à chanter, danser, rêver, renouer avec tout ce que nos cours nous auront fait oublier, mettre de côté, abandonner.

Je ne sais pas si mon garçon vibra vieux, s’il connaitra des moments glorieux et encore moins s’il aura le loisir de couler des jours heureux ou de faire des envieux.

Par contre aujourd’hui hui je sais.
Je sais qu’il m’est arrivé de le forcer à travailler dans ses cahiers.
Je sais qu’il m’est arrivé de lui gâcher ses journées.
Je sais qu’il m’est arrivé de le bousculer, de le désillusionner.
Je sais que c’est chose du passé.
Je sais que je vais m efforcer de ne plus jamais recommencer.
Je sais que veux le laisser apprendre en liberté avec toute sa curiosité et son authenticité.

Je sais que je veux m’appliquer à le laisser se développer pour qui il est, de façon à ce qu’il puisse offrir son monde intérieur, à la création d’un monde meilleur.

lundi 20 octobre 2014

La gratitude

Les semaines passées ont été mouvementées… pleines à craquer, débordées !
Tantôt excitée, tantôt fatiguée, j’ai jonglé avec toutes sortes d’idées.
Traversée par des émotions contradictoires, j’ai oscillé entre espoirs et désespoirs.
Hormones, quarantaine… tout un cocktail !

Alors que j’ai célébré nombre de rituels je réalisais qu’en les faisant, je n’étais pas dedans. Pas dedans, personnellement, j’entends.  J’étais là pour guider, accompagner, totalement dévouée à ceux qui s’étaient présentés et aussi occupée à observer, à regarder tout ça aller, à m’assurer que ça levait. Ainsi j’ai réalisé que dans ces moments il était difficile de me laisser aller, d’en profiter pour moi aussi apprécier, remercier, célébrer. Si j’ai vécu beaucoup de plénitude, j’ai eu aussi la sensation de manquer de gratitude.

Aussi je prends quelques instants, pour arrêter le temps et apprécier pleinement:

-       Une magnifique randonnée à cheval avec les enfants, alors que nous aurions pu être séparés, enfermés chacun de notre côté, par cette belle journée ensoleillée.
-       La yourte debout, avec sa toile colorée, que l’on a déroulée, comme une robe tournoyante, ondulante.
-       Une fin de semaine de rituel, où des femmes fabuleuses, lumineuses, porteuses, se sont connectées, ont savouré leur féminité et où le renard nous a offert sa présence, son essence.
-       Le doux contact de la nature, qui est venu appaiser mon tout petit enrhumé, pour l’emmener dans les bras de Morphée.
-       Mon fils qui chante et ma fille qui danse
-       L’incroyable légèreté de vivre lorsque tout s’apaise et que la sérénité prend ses aises.
-       La douceur et les couleurs des derniers jours, le réconfort d’un grand amour
-       Le passage des oies, qui chaque fois, m’émeut, me ravit, me réjouit, me séduit.
-       Le moment où l’on se couche, que toutes les tensions de la journée s’apaisent, parce que nos pieds se touchent.
-       La sensation d’être liée, connectée, réalisée, d’appartenir à quelque chose de grand et de contribuer parcimonieusement. 
     Mon petit Caillou, qui tête en me faisant les yeux doux.
     La visite d’une amie de mes parents, un grand moment
-       Les récoltes de pommes, de basilic, d’oeufs, de tomates et de patates
-       Les boucles, les yeux rieurs, les mimiques et expressions de mes enfants, qui effacent tous les tourments. 
     Un galop trouvé, grand moment de liberté.

Si seulement je pouvais l'apprécier, sans rien regretter, appréhender ou redouter... seulement contempler et célébrer les beautés, la légèreté, l’éphémère … le fait d’être mère.

vendredi 17 octobre 2014

samedi 11 octobre 2014

La fête des récoltes

Cette semaine je suis une maman Zen !
Enfin pas vraiment, mais au moins j'ai rendu mon texte à temps :)
Et je vais prendre le temps, de célébrer avec les enfants !
http://mamanszen.com/la-fete-des-recoltes/

mardi 7 octobre 2014

Le tordeur de petits coeurs



Je me suis longtemps demandée, comment les familles faisaient, lorsque les parents travaillaient toute la journée, à l’extérieure de la maisonnée…
Le rythme effréné du marathon entamé, à peine levé; le déjeuner vite engouffré, le supplice de la mitaine égarée, la quête des clefs, le bisou pressé et la ‘’run de lait’’ pour accompagner le plus petit à la garderie, le benjamin et l’ainé à l’école du quartier, puis papa maman à leur labo, buro, studio, resto ! La journée chacun de son côté, cloisonnés dans des univers séparés, pour se retrouver épuisés à l’aube d’une soirée déjà bien entamée dont les heures sont comptées puisqu’il y a un deuxième marathon à mener; celui du souper à préparer, des bains à donner, des leçons à réviser, des brassées à lancer, des appels à retourner, des boîtes à lunch à vider, des histoires à raconter, des bisous à distribuer…
C’est lorsque je vois la tronche de mes journées, à quel point elles sont occupées que je me mets me questionner !
Lorsque je réalise tout ce qu’il y a à faire dans une vie de mère … et de père. Parce que même en étant à la maison, je n’arrive pas à éviter toutes les tensions, même si la tentation tient bon. Bon d’accord j’en fais beaucoup … en fait presque tout; du lavage au ménage en passant par le pelletage, le raccommodage, l’école à la maison, les pâtés au saumon, la peinture du salon. Le bêchage du potager, la clôture à relever, le toit de la serre à réparer… c’est moi qui le fait. Samuel est celui qui rapporte les sous, il travaille beaucoup, est souvent à l’étranger, en plus d’être absorbé par ses projets.
Si au début c’était une volonté partagée d’être avec les enfants à la maison, au fil du temps je suis devenue une sorte de tampon… zone d’absorption et de dévotion pour éviter les débordements et les manquements. C’est qu’il y a 5 ans, Samuel a eu la bonne idée d’inventer une nouvelle façon de greffer les palmiers. Ça c’est parlé, le projet a pris des proportions démesurées; employés, conseillers, négociations, exportations, plantations… je suis restée à la maison ! Restée à la maison pour tenir le fort… tenir le fort pour continuer d’être forts. D’être forts unis, forts accomplis, forts heureux, consciencieux, amoureux, mais surtout présents, pour les enfants !
Après 5 ans de ce rythme effréné, la poussière commence à retomber et Florent à lever le pied… enfin je peux toujours rêver J Les palmiers assurent dorénavant une certaine stabilité à notre maisonnée. Dans ce semblant de calme presque retrouvé, une idée a germée. Cette fois c’est moi qui avais des projets ! J’ai hésité, tergiversé, investigué, questionné, comparé, puis je me suis lancée; planification, construction, promotion, besoin monétaire, plan d’affaire … en même temps que j’étais mère. Débordée par ce projet, dont j’ai mal calculé la portée, j’ai sabordé l’été… l’été tant convoité, tellement espéré, de ma si précieuse trâlée. Certes on en a profité; on s’est promené, baigné, baladé, on a campé, pédalé, pagayé, vu des amis, veillé autour du feu toute la nuit, monté à cheval, découvert des festivals ! Sauf que j’étais préoccupée, la tête pleine d’idées, toujours un truc pressant à gribouiller pour ne pas l’oublier, pas entièrement disposée et fréquemment en train de demander aux enfants de patienter. C’est Caribou excédé, qui me l’a balancé : ‘’T’es toujours occupée, faut toujours patienter!’’ Et vlan dans les dents, parait que la vérité sort de la bouche des enfants !
La zone tampon n’existait plus, le barrage chargé de protéger ma trâlée avait rompu. Je sais, je sais, Florent aurait pu prendre le relais. Et puis j’ai le droit d’exister, de me réaliser. N’empêche qu’eux n’avaient pas demandé à ce que leur été soit un gros chantier, avec une mère énervée, parfois pressée de les voir couchés. J’ai réalisé que lorsqu’on est passionné, on ne fait rien à moitié, tout devient difficile à concilier sans parler du risque de se faire avaler. Puis quand il y a des délais à respecter, de l’argent engagé, ça prend vite le dessus sur les  priorités. Alors les enfants passent dans le tordeur… et ça fait peur.
Bien entendu c’était un coup à donner, ça ne sera pas comme ça toute l’année. Mais ceux pour qui, c’est la vie ? Ce à qui, on ne demande pas l’avis ? Est-ce vraiment ce dont ils ont envie ?
Après ce moment de forte tension et de petites rébellions, j’apprécie encore plus être maman à la maison et de pouvoir profiter de mes rejetons, au quotidien, du soir au matin. Le projet m’a fait m’envoler, mais le tordeur m’a tordu le cœur. Reste à trouver un juste milieu, un entre deux, pas trop ambitieux ni pernicieux, savamment dosé pour l’intégrer en toute sérénité.