samedi 28 mars 2015

Apprendre autrement entre enfants


Lorsqu’on fait l’école à la maison avec plusieurs enfants, la question de la conciliation des âges/activités/apprentissages se pose souvent. S’il est normal de s’interroger, elle est aussi selon moi le reflet de notre vie cloisonnée, compartimentée où chacun doit être bien à sa place, dans la case appropriée, définie par un certain nombre de critères.

  Enfant j’ai eu la chance de faire ma maternelle, 1ière, 2 ième, et 3ième année dans une toute petite école de village; 12 enfants de la maternelle à la 6 ième année, sous un même toit avec un seul et unique professeur !!! Dans cette classe, les grands rentraient le bois pour chauffer le poêle, les petits étaient chargés de laver le tableau et de vider les poubelles. Les mamans apportaient régulièrement des pains, gâteaux, galettes pour les goûter de tous. Les jours de neige, notre professeur nous emmenait glisser et la musique se faisait au son de sa guitare !!! Les plus grands veillaient les plus jeunes et les petits s’initiaient aux leçons d’histoire et de géographie en laissant trainer une oreille pendant qu’ils s’affairaient à leur calligraphie ou dessin !

Cette version bucolique de la scolarisation m’a beaucoup inspirée dans la réalisation de nos journées d’apprentissages* en famille. Ainsi, régulièrement la même activité est proposée pour tous et chacun l’intègre à sa façon et avec le temps qui lui convient. S’il y a eu des périodes ou un des enfants a déserté la table familiale, en ce moment tout le monde est là autour de projets communs, mais aussi de façon renouvelée.

Ainsi ma chipie qui rechigne à explorer et se contente de demeurer dans des domaines qu’elle connait, histoire de ne pas se frotter a ses faiblesses, manifeste depuis plusieurs jours le désir de travailler avec son frère. On parle ici d’une petite fille de 4 e année, qui souhaite faire de la géo avec son grand frère de secondaire 1 !!! Et bien ça fonctionne à merveille !!! Chacun explique à l’autre, réajuste, relis, remet en question, fait des liens avec des expériences vécues ou des lectures. Et pendant ce temps, le petit chou de bientôt 4 ans est assis sur la table à observer ses frères et sœurs, à mettre son grain de sel, à pointer du doigt, questionner et même argumenter !
Ainsi alors que le sujet porte sur les parcs naturels, les grands devaient reporter sous forme de croquis, ce qui constituait des aménagements. À mesure que le croquis prend forme, petit chou s’en mêle ce qui donne à peu près ceci :

Petit chou
« Les herbes aussi il faut les dessiner. »
Les grands
« Non les plantes sont naturelles. »
Et le petit chou de renchérir
« Non c’est les gens qui sèment des graines, pour faire pousser des plantes. »
Alors chipie chérie se met à lui expliquer le contexte.
« Tu sais quand on fait le jardin avec maman, c’est nous qui semons les graines et les arrosons pour qu’elles poussent. Mais là c’est dans un parc, comme lorsqu’on va au Parc du Bic, par exemple. Dans les parcs, les humains ont rien le droit de faire; pas le droit de semer, de planter ou de ramasser. On laisse la nature comme elle est. »
Petit chou ayant tout compris s’exclame :
« Ah d’accord !!!»

En langage de prof on appelle cela du réinvestissement.
Dans la vie naturelle c’est simplement de la transmission, de l’affection, de la fierté et de l’admiration !!!

Plus tard, je les entendrais fouiller dans différents documents pour trouver une réponse… réponse qu’ils trouvent douteuse. Aussi ils continuent leurs recherches pour réaliser qu’ils se sont trompés légèrement sur le terme (parc national, parc naturel) ce qui explique pourquoi la réponse ne colle pas.
Encore une fois, dans un langage de pédagogie on aurait parler d’habileté à comparer ses sources, dans un processus d'apprentissage naturel cela s’appelle juste du gros bon sens.

Ce que j’aime de ces moments c’est bien entendu que ma trâlée soit rassemblée, unie, heureuse, complice et apprenne naturellement en s’amusant.
Ce que j’aime de ces moments, c’est la sensation de ne pas être dans le champ… petite preuve vivante que ce que nous avons choisi comme mode de vie fait sens et fonctionne.
Ce que j’aime de ces moments, c’est la possibilité d’un espoir, celui de sortir des cases et compartiments pour faire confiance aux parents et aux enfants … à la Vie tout simplement*!



*Pour ceux qui se posent la question sur le type d’école à la maison que nous faisons et bien les unschoolers radicaux diraient certainement que les cahiers ne vont pas avec le unschooling. Et ceux qui font l’école à la maison avec des cahiers, ont certainement des cahiers par niveau en fonction de l’âge des enfants. Mais comme je n’aime pas les cases, je n’ai d’autres prétentions que d’être une picoreuse… et surtout de trouver ce qui fait sens pour les enfants. Ainsi mon grand apprend énormément en lisant. C’est pourquoi j’ai choisi certains types de cahiers présentés sous forme de documentaire… ensuite libre à lui d’explorer les questions.

mercredi 25 mars 2015

Happy Holy

Holy c’est la fête des couleurs en
Inde, pour célébrer l’arrivée du printemps et rendre hommage aux divinités du commencement, de l’amour et de la joie !


Une fête absolument magnifique découverte sur le site de Joyeuse Nouvelle, dont l’idée est de promener la beauté !
Ça nous a donné envie, de faire notre poudre d’Holy nous aussi !!!
Et de fêter le printemps avec les enfants.
Encore une fois ce billet arrive un petit peu tardivement, mais compte tenu de la tempête qui souffle dehors, je pense que nous avons encore largement le temps, d’accueillir le printemps !!!

J'aurai aimé faire une poudre avec de vrais pigments naturels, mais à défaut de temps nous sommes allés à l'essentiel; une recette drôlement facile à réaliser et un chouette moment coloré !

Ainsi il faut de l'eau, de la fécule de maïs ou de pomme de terre, du colorant alimentaire et un grand bol à mélanger !


On met autant de fécule que l'on souhaite avoir de poudre, on ajoute de l'eau et du colorant.
Pour obtenir une belle couleur, il faut pas mal de colorant !
Le mélange est inusité puisque c'est tantôt liquide, tantôt dur comme du béton !
On ajoute suffisamment d'eau pour nous permettre de bien mélanger le tout.


Et on mélange !


Bien entendu on peut mettre des gants, sinon on savoure l'effet Schtroumf quelques jours !


Ensuite on verse dans une plaque à biscuits, afin de faire sécher le tout !
Les plats bleu et rouge avaient pas mal d'eau, d'où leur aspect uniforme.
Les plats violet ainsi que le vert ont eu moins d'eau, d'où leur aspect grumeleux !
(J'avais moins de 24 heures devant moi pour faire sécher le tout, aussi j'ai essayé de mettre le moins d'eau possible. Toutefois c'est ceux avec le plus d'eau qui ont séché le plus vite et donné les plus belles poudres. En effet au bout de quelques temps l'eau remonte sur le dessus, comme on le voit sur le bleu. Il est ainsi possible de vider le surplus d'eau en décantant simplement, et de poursuivre le séchage.)

Le lendemain la plupart des plateaux étaient bien secs. On voit d'ailleurs les craquelures dans le bleu. Par contre les grumeaux ont conservé l'humidité à l'intérieur et nous avons dû ruser en les passant au four à 200 F quelques temps afin d'accélérer le séchage. Le bleu est vraiment celui qui a été le plus poudreux !
Ensuite à l'aide d'une cuillère on verse le tout dans un sac en plastique que l'on malaxe afin de défaire les petits morceaux en poudre.

Il ne reste plus qu'à en lancer partout, à rire et s'amuser pour célébrer le printemps !!!

samedi 21 mars 2015

Mon pépé s'en est allé


Mon grand père s’appelait en fait, pépé.
Mon Pépé est né le jour du printemps.
Mon Pépé est mort quelques jours avant le printemps.
Entre les deux il s’est passé presque cent ans.
Entre les deux il a eu 24 arrières petits enfants.
Entre les deux, il a vécu assez longtemps pour faire la paix avec tout ses tourments.

  


Mon pépé était fermier, il cultivait la Terre Mère.
Mon pépé travaillait ses champs au fil du temps.
Mon pépé l’été, il coupait des branchages pour avoir du feuillage, à offrir aux chèvres de ma grand-mère en hiver.
Mon pépé avait un couteau avec lequel il pouvait aussi bien nettoyer le pied d’une vache blessée, qu’éplucher sa pomme au diner… et surtout jamais il ne le lavait, cela l’’aurait fait rouiller!

Mon pépé était tellement vouté que l’on aurait dit un vieil arbre courbé par les années.
Mon pépé même vouté, montait vaillamment son bois dans l’escalier.
Mon pépé même vouté, cultivait son potager.

Mon pépé était bien impressionné que sa fille et son gendre aient déménagé leurs enfants sur un autre continent.
Mon pépé était toujours intéressé par ce qui nous arrivait, dans notre contrée éloignée.
Mon pépé je suis revenue trois fois lui présenter mes enfants et chaque fois ses rides s’allongeaient en un sourire reconnaissant et bienveillant.

Mon pépé ne parlait pas beaucoup, mais parfois ses yeux se mettaient à briller et on savait qu’il nous aimait.
Mon pépé ne parlait pas beaucoup, pourtant il nous a appris énormément.
Mon pépé ne parlait pas beaucoup, pourtant ses douze petits enfants avaient du chagrin lorsqu’il s’est éteint, mais surtout ils avaient tous quelque chose à raconter pour l’honorer au moment de l’enterrer. 

C’est ce que j’ai raconté aujourd’hui aux enfants, venus célébrer un rituel de printemps.
Pour rendre hommage à mon Pépé de Donzy et tout ce qu’il nous a transmis.
Pour qu’il devienne à présent Grand-Père Ciel et que l’on se souvienne...

jeudi 19 mars 2015

Soeurs volées, pour ne pas les oublier


Encore une autre histoire de femmes…
Histoire de femmes, d’hommes, d’enfants, malmenés au fil du temps.
Un temps qu’il ne faudrait pas oublier et qui malheureusement s’acharne à persister.
J’en avais souvent entendu parler et je voulais savoir de quoi il retournait…
La disparition de femmes autochtones… un féminicide indicible qui pourtant laisse trop de gens indifférents.

A lire, pour se souvenir et aussi en gage d’avenir…

« La vulnérabilité appelle la vulnérabilité. La mort est en embuscade. L’aide sociale inadéquate et l’apathie médiatique renforcent cette hyperfragilité. Les femmes autochtones sont surreprésentées dans cette cohorte livide et silencieuse. Fétus de paille, brindilles, flocons de neige, éphémères, invisibles. »
Depuis 1980, près de 1 200 Amérindiennes canadiennes ont été assassinées ou ont disparu dans une indifférence quasi totale. Proportionnellement, ce chiffre officiel et scandaleux équivaut à 55 000 femmes françaises ou 7 000 Québécoises.
Dans ce récit bouleversant écrit au terme d’une longue enquête, Emmanuelle Walter donne chair aux statistiques et raconte l’histoire de deux adolescentes, Maisy Odjick et Shannon Alexander. Originaires de l’ouest du Québec, elles sont portées disparues depuis septembre 2008. De témoignages en portraits, de coupures de presse en documents officiels, la journaliste découvre effarée ces vies fauchées. Sœurs volées apporte la preuve que le Canada est bel et bien le théâtre d’un féminicide.
Avec des textes de Widia Larivière, Laurie Odjick, Connie Greyeyes et Helen Knott.
Emmanuelle Walter est journaliste indépendante. Elle a travaillé pour Libération, Arrêt sur images, Le Nouvel Observateur, ARTE Radio et Terra eco. Elle vit à Montréal depuis plusieurs années.

dimanche 8 mars 2015

Journée internationale des femmes




En ce jour de 8 mars j’ai le gout de nous souhaiter à toutes une belle journée, pleine de fierté et de légèreté. 




Que le fait d’être femme nourrisse notre âme,
Que nous puissions libérer notre instinct en renouer avec nos intuitions et nos racines,
Que la maternage de nos enfants soit un libre choix,
Que nous honorions la Terre mère, sur laquelle nous naissons, mais aussi celle que nous devenons en mettant nos enfants au monde,
Qu’unies les unes aux autres nous réinventions une façon de vivre; une danse au quotidien liée au fil des évènements sans jamais créer de points de rupture, mais davantage en harmonie avec notre nature humaine.
Que la culpabilité et la peur cèdent leur place à la plénitude, à notre puissance créatrice, à notre sixième sens essentiel à la transformation du monde.
Un monde de pleine conscience où il est possible d’aimer sans entrave, de cultiver l’enthousiasme, de contribuer à une approche citoyenne de la féminité et de se réaliser dans un continuum de création et de liberté.


Je profite de l’occasion pour vous partager quelques lectures vraiment inspirantes qui j’espère sauront vous nourrir vous aussi !







Et pour célébrer ce jour, je vous invite au prochain rituel « Bâton de lune; célébrer le don de féminité » qui se tiendra le 1, 2 et 3 mai (vendredi soir au dimanche midi) et vous offre d'amener une amie gratuitement !

Issu d’une tradition autochtone le bâton de lune est un rendez-vous avec notre intimité mais aussi nos rêves et nos espoirs. Ode à la déesse créatrice en nous, il constitue un puissant ancrage de féminité, puisque nous allons nous y rapporter lors de chacune de nos lunes, qu’elles soient rouges ou noires, afin d’y célébrer la vie; honorer les beautés de ce que nous avons vécu au cours du mois et souhaiter celles que nous désirons voir se réaliser au cours du mois à venir. Une façon de s’octroyer du temps hors du tumulte du quotidien pour veiller, cueillir, et guérir.


Un rituel magnifique pour découvrir toute la beauté et la grandeur de notre nature cyclique, des moments riches et intenses entre femmes, des cercles de parole et la quête de votre bâton de lune … un bâton qui vous accompagnera le reste de votre vie, en hommage à votre don de féminité.

vendredi 6 mars 2015

Des nouvelles de bébé âne




… notre Framboise est enterrée mais pas oubliée.
Les enfants, ceux de la tribu mais aussi ceux des amis, ont égrené ici et là des mots, des dessins, des images, pour  se souvenir, se soutenir, partager, cultiver, appréhender, grandir… vivre. Des réflexions qui chaque fois m’émeuvent et m’en apprennent sur leur vision et leur compréhension.



Ainsi Petit Caillou, 3 ans a dit :
« Moi j’ai pas hâte d’être mort, ça fait peur. »
Et depuis une semaine des histoires de mort se jouent, se font et se défont, certainement au fil de ses émotions et interrogations.

L’ami de petit Caillou, 4 ans, a fait un magnifique dessin pour « mettre sur la tombe ».

Cariboo, 13 ans, a déclaré :
« On va la mettre dans le bois et elle va donner à manger aux coyotes… comme ça les mères coyotes auront plein de lait pour leurs petits qui vont naître bientôt. »
Si ce n’était de l’allaitement,  des mères amies ont trouvé ses propos bien durs et pourtant tel est le cycle de vie et mon grand l’a compris.

Le grand ami de Cariboo, n’a pas fait de dessin, mais il s’est arrêté pour nous parler, poser une montagne de questions et tenter de comprendre ce qui était arrivé.  Même s’il avait l’air d’un molosse « paddé » dans son super équipement de hockey, je voyais bien qu’il était bouleversé.

Et les filles… les filles elles ont mis Framboise dans les nuages, dans le ciel et les étoiles, quelque part où elle continue d’exister et de veiller sur ceux qu’elle aimait.

Ce que je trouve incroyable c’est que bien sûr nous apprenons à nos enfants, informons, transmettons, induisons et pourtant chacun développe sa propre version… une version en écho à qui il est, à ses besoins, ses peurs et bonheurs.

Outre la réaction des enfants, celles des autres animaux de l’enclos, m’ont aussi touchée… bouleversée. Le premier matin sans Framboise, tous les animaux étaient repliés au bout du petit bois où normalement ils ne vont pas. Personne à la barrière pour nous accueillir, venir chercher des caresses ou espérer un peu de grains et de foin… non rien ils se tenaient loin. C’est que Framboise était la meneuse et sans elle ils n’avaient plus personne à suivre, alors prostrés, ils attendaient… et nous on s’inquiétait. On s’inquiétait de ne pas les voir s’alimenter, on s’inquiétait de devoir les réapprivoiser. Avec des carottes et de la patience, ils ont fini par s’approcher, nous renifler et nous frôler pour vite repartir se cacher aussitôt que l’on essayait de les caresser.
Le lendemain alors qu’il avait neigé, personne n’a osé franchir la congère que le vent avait soufflée, pour sortir de la bergerie et venir manger. Alors je suis allée pelleter et Cariboo a fait un chemin de grains pour les encourager à avancer.
Puis au bout de trois jours, le balai matinal a repris à côté de la bergerie. Bébé âne imitait sa maman et c’était lui qui dorénavant courrait, embêtait et essayait de croquer la toison du mouton !!! Encouragé par Biquette la chevrette, il a recommencé à s’approcher de la barrière, même sans sa mère… il a même commencer à braire ! Il ne se laisse pas encore caresser, mais on le sent intéressé, il vient nous renifler et reste à nos côtés à nous observer.

Au regard des difficultés qui se passent dans de nombreux pays, de l’ampleur du labeur des éleveurs et agriculteurs, je sais qu’il n’y a pas de quoi en faire plat… et pourtant. Pourtant les animaux ont bel et bien vécu un tourment, bébé âne a perdu sa maman et dû être sevré instantanément. Et il serait faux de nier, ce que ça lui a fait endurer… et pourtant. Pourtant tous les jours on sèvre et sépare drastiquement des petits de leurs mamans, pour gagner de l’argent, remplir nos assiettes largement… ça m’a troublé, offusqué.  On sèvre aussi nos bébés, pour leur donner du lait embouteillé, parce qu’ils sont soit disant assez grands, que maman a assez donné, que papa est tanné, qu’avec la garderie c’est compliqué, que l’on est tannée de se justifier… que le temps est écoulé.

Mais bon, revenons à nos moutons !
Bébé âne va bien, il mange de pus en plus de foin et s’habitue peu à peu au grain. Il est veillé par la maisonnée, la parenté, les amitiés et il y a fort à parier que bientôt ce sera le nouveau chef de l’enclos !