jeudi 30 juin 2016

Oser son corps, apprivoiser son antre, honorer la déesse

Alors que l’on vit dans une société hyper sexualisée, que le corps de la femme objet sert à faire vendre, rêver ou oublier tout et n’importe quoi, notre corps réel, celui que nous femmes habitons est souvent contraint, séquestré, dompté, sculpté, muselé, oublié… pour toutes sortes de raisons.

Lorsque j’étais en Guadeloupe en avril dernier j’ai vécu un moment de profonde quiétude féminine qui m’a beaucoup touché. Je m’étais rendu sur cette île que j’adore afin de partager le rituel du bâton de Lune. Ce rituel étant une réelle quête, il doit se passer en forêt. Aussi je me suis retrouvée dans un lieu similaire à celui de la yourte, en version tropicale ! Un lieu fait de bois, coloré, aéré, lumineux, abrité dans un écrin de forêt absolument magnifique, riche de tout ce que peut offrir la terre. Comme à la yourte, l’essentiel étant que l’on puisse s’y déposer naturellement, il n’y avait aucun artifice; nous avons fait la vaisselle dans des bassines dehors et les pipi et compagnie dans des latrines plutôt sommaires ! Somme toute nos besoins étaient comblés, d’autant que l’ambiance était douce et joyeuse ! Aussi alors que je me levais le second matin quelle ne fut pas ma surprise de voir une femme nue au pied d’un arbre occupée à faire sa toilette à l’aide d’une bassine d’eau qu’elle vidait sur sa tête. Pendant que je me remettais de ma surprise, une autre est arrivée afin de rafraichir son corps elle aussi… et les deux femmes ont commencé  à discuter comme si de rien était. Ce n’est pas la nudité de ces femmes qui m’a émue, bien qu’il soit toujours difficile de rester insensible à corps nu je trouve, c’est le fait de réaliser à quel point c’était normal pour elles. Normale au point de papoter ensemble !
En pensée, je n’ai pas pu m’empêcher de retourner dans ma forêt boréale, au côté de la yourte où j’ai aménagé une petite tente afin que les femmes aient un petit peu d’intimité pour faire un minimum de toilette. Certes la température et les moustiques font en sorte qu’un abri est apprécié, mais c’est davantage le fait qu’en Amérique du nord nous faisons tout un cérémonial de notre nudité.

Les différentes pressions sociales font également en sorte que les femmes parfois se soumettent d’autres fois s’insurgent. Ainsi certaines cultivent le culte du non poil, de la teinture, de la crème anti âge, déo anti odeur, serviette anti dégât et ainsi de suite. Le corps est modelé, épuré, ne poussent pas, ne sens pas, ne vieillit pas… bref il est contrôlé, contraint... éteint.
D’autres sont à l’opposé en faisant la grève du rasoir, de la teinture ou de tout autre mixture…  le corps est certainement plus libre, mais dépourvu de tout rituel de soin ou de beauté, il est peut-être tout autant oublié. Du moins c’est ce qu’une femme me partageait récemment « À vouloir m’affranchir de toute cette dictature de la société et des normes de beauté quant à mon corps, j’ai carrément oublié de m’en occuper. Je l’ai ignoré… jamais crémé, massé, parfumé ou chouchouté. Je réalise à présent que cela à contribué à m’éloigner de moi-même, de la conscience que j’ai de ce véhicule précieux, de mon intégrité, de mon entièreté. »

A ceci s’ajoute la religion qui avec ses dogmes, ses interdictions, ses prédictions cataclysmiques, ajoutée de sa capacité de juger et de culpabiliser a contribué à enfermer nos corps, retenir nos rondeurs, nier nos fluides, interdire nos souffles de bonheur, nos peines ou nos cris. Une réalité qui a pesé lourd sur les épaules de nos aïeuls dont nous portons encore l’héritage et la mémoire.


Ainsi qu’il s’agisse de rigueur climatique, culturelle ou religieuse, ce petit moment en Guadeloupe, ces discussions entre femmes à la yourte, m’on fait réalisé à quel point nous passons notre vie cachée, camouflée, emmitouflée, coincée physiquement … mais aussi mentalement, émotionnellement. Les différentes couches dont nous couvrons notre corps, voilent aussi notre esprit, notre cœur, notre accueil de nous même. Notre corps devient une sorte de corvée frileuse que nous promenons laborieusement, sans nous soucier de sa quiétude, de sa possibilité de respirer… du caractère sacré qu’il revêt. Notre corps est le véhicule de notre âme, l’antre de la déesse que nous sommes, trait d’union entre nos différentes dimensions et en le niant, en l’enfermant, nous nions une partie de nous-même, une partie subtile, sensuelle, délicate, consciente... une partie souvent féminine … peut-être divine.

Alors avec l’été qui arrive, la chaleur qui nous épanouit, une certaine langueur s’insinue et avec elle la possibilité de se dévêtir, de se rapprocher de notre corps… corps physique, corps subtile.
Avec l’été qui arrive, j’ose et réponds à la demande des femmes venues à layourte et vous invite à oser vous aussi, venir passer une journée à la rencontre de votre corps. 

              « Oser son corps, apprivoiser son antre, honorer la déesse. »

Avec l’été qui arrive, nous partirons à la rencontre de notre Yoni, jusqu’à notre poitrine, en passant par notre ventre et notre visage. Nous entamerons une marche, une promenade au cœur de nous, au cœur de ces espaces peu visités, souvent bafoués qui pourtant sont porteur de tant de beauté à célébrer. Un espace doux, en toute quiétude et sororité pour redécouvrir et affirmer ce qui chuchote en nous.

C'est à rendez-vous à la yourte, le16 juillet, de 8h30 à 18h00, 
Contribution de 80 $ par personne, 50 $ étudiante
Info et inscription
418 509-1509
www.chemins-de-traverse.ca

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