dimanche 29 mai 2016

Journée des menstruations (partie 3); Honorer


Honorer
Honorer ses menstruations.
Honorer ses menstruations, passer du tabou et de la négation à la célébration.

Certaines y verront quelque chose d’un peu exagéré.
Certaines trouveront la chose pas du tout aisée.
Certaines auront peut être envie d’essayer, d’oser !


Mais pourquoi honorer ses menstruations ?
Tout simplement parce qu’elles sont la preuve qu’un cycle vient de s’achever, que nous avons marché nos saisons intérieures, côtoyé les zones d’ombres et de pouvoirs de nos archétypes et qu’après être passées de l’énergie ardente au désir de nous retirer au fond d’une grande, nous sommes toujours en vie, debout, prêtes à recommencer !!!

On a pas vraiment le choix me direz-vous ?
Bien entendu nos menstruations n’attendent pas notre consentement pour décider du grand débarquement ! Par contre nous avons le choix de  vivre cela comme un grand débarquement infligé ou comme une visite attendue, espérée.
Nous avons le choix de faire comme si de rien était et de continuer de vaquer à nos occupations de tout bords tous cotés à un rythme effréné ou celui de nous déposer, d’accueillir, d’écouter et d’honorer.
Nous avons le choix de continuer de faire tout ce qui nous insupporte particulièrement à cette période ou celui de se reconnaitre dans notre besoin, de s’écouter et de s’honorer, pour ce cycle marché, réalisé.
Nous avons le choix d’avoir mal, d’avoir peur, d’être en colère et outrée ou celui de ne pas se juger, d’essayer de comprendre, de prendre soin de soi et de s’honorer d’oser essayer.
Nous avons le choix de nous nier, de ne pas en parler, de continuer de nous cacher ou celui de se relier, de partager et d’honorer.

Que fait-on pour honorer ses menstruations ?
Celles qui ont un bâton de lune, ont le plus bel outil pour honorer leurs menstruations et qui elles sont !
Celles qui ont la possibilité de participer à une tente rouge sont vraiment chanceuses !
Celles qui réalisent un calendrier lunaire, ont amorcé ce chemin de reconnaissance et de célébration de soi !
Celles qui le souhaitent se sentiront libres de créer se dont elles ont envi pour répondre à leurs besoins et prendre soin.
Celles qui voudraient s’inspirer, voici quelques idées ;

Prendre un temps pour soi
Prendre un temps calme pour apprécier votre mois qui vient de s’écouler, un moment de pleine conscience pour vous remercier de tout ce que vous avez réalisé, contribué à rendre possible, supporté, encouragé… un moment pour honorer ce que vous avez créé au fil du mois.

Laisser aller
Profiter du sang qui coule pour laisser aller nos larmes et avec elles tout ce dont nous n’avons plus besoin, ce qui nous pèse, draine notre énergie, n’illumine plus notre vie !
Se ressourcer
Marcher dans la forêt, se connecter à la nature, écouter les oiseaux chanter, enlacer un arbre, chanter, danser, crier, écrire, dessiner, s’exprimer, méditer !

Cultiver notre confiance
Prenez un temps pour cultiver votre confiance en votre prochain cycle, votre capacité à vous régénérer, votre chance de pouvoir repartir d’un pas nouveau riche de vos compréhensions, réflexions, émotions et réalisations du mois passé.

Offrez
Offrez votre sang à la Terre, à un arbre particulier, une fleur plantée exprès ! (Si vous utilisez une cup se sera facile de récupérer votre sang. Si vous utilisez des serviettes lavables il vous suffira de les faire tremper. Et si vous vous servez de serviettes jetables c’est peut-être la bonne occasion pour entamer une réflexion. Réaliser que ce type de serviette nuit grandement à la planète, ainsi qu’à votre santé en plus de contribuer à vous éloigner de votre corps et de ce qu’il vous murmure. Sans compter que cela contribue à enrichir des multinationales qui n’en ont rien à faire de la santé et de la condition des femmes.

Chouchoutez-vous
Chouchoutez-vous avec un bain, un livre, un vêtement fluide, un carré de chocolat ou un gros câlin… tout ce qui vous permettra de ralentir, de sentir ce que votre corps et votre âme sont en train de vivre.

Parles-en !
Dites le à votre compagnon, à vos enfants qui seront à même de mieux vous comprendre, de vous respecter dans ce que vous vivez et … peut-être de vous chouchouter ! Appelez une amie, votre mère, votre sœur pour échanger, relativiser, normaliser, rigoler, apaiser les tensions accumulées et honorer ce que vous vivez. En plus de vous faire du bien, vous contribuerez à changer le monde, à créer de nouveaux espaces de discussions, d’accueil, de compréhension.

Ce n’est pas parce que l’on tient compte de nos règles que l’on devient inférieures.
Ce n’est pas parce qu’on laisse couler nos larmes que l’on devient instables et vulnérables.
Ce n’est parce qu’on accepte notre baisse d’énergie que l’on devient faible ou pas fiable.
Ce n’est pas parce que nous nous nions que nous devenons les égales des hommes.

Au contraire c’est en accueillant notre entièreté que l’on devient confiante et inspirante !
C’est en accueillant réellement qui nous sommes que nous devenons l’égale de l’homme dans la diversité et l’éloge de nos talents et de notre unicité, dans la reconnaissance de nos différences, dans la compréhension de nos rythmes, dans la complémentarité de nos essences, dans le désir de s’unir pour créer un monde équilibré, équitable, où les différences sont porteuses de solutions et possibles.

Voilà pourquoi nous pouvons honorer nos menstruations !!!

Vous voulez en savoir plus sur les rituels dédiés aux femmes:






vendredi 27 mai 2016

Journée des menstruations partie 2; Écouter

… si j’avais su qu’un jour je lancerai la journée des menstruation dans ma région, comme acte de création, de revendication, d’émotion, de féminité, de sororité !

… si j’avais su qu’un jour je craindrai, celui où je ne serai plus menstruée.

… si j’avais su qu’un jour j’apprécierai ces moments particuliers ou le sang se met à couler, pour me déposer, créer, écouter.

Parce qu’à ce moment je me sens en contact avec moi, avec mon corps, avec toute la féminité qui m’habite, la déesse sauvage, la louve, la sorcière… la femme entière !

Parce qu’à ce moment là je touche à quelque chose de précieux, au creux de mon ventre, au creux de mon antre.

Parce qu’à ce moment là je me permets de ne plus résister, gérer, commander, porter et supporter… à ce moment là je me laisser aller… aller à me déposer, à écouter, à me retirer, à tisser, à créer.

Parce qu’à ce moment là, je sais que mon temps est compté, qu’un jour ma réserve sera épuisée et qu’il me faudra inventer une autre façon pour me régénérer.

Parce que ce moment là je l’ai apprivoisé, j’ai accepté de l’écouter, pour finalement faire la paix, me réconcilier et même l’honorer.

Avoir ses règles, ses lunes, être menstruée, réglée, accueillir la marée rouge, le grand déferlement c’est être femme, fertile de corps et d’esprit, cyclique, héroïque ! C’est surtout un extraordinaire don; celui de féminité, de félicité, de sororité !

Voilà pourquoi je vous invite à venir célébrer ce samedi 28 mai à la yourte, à compter de 13h30 !
Ce sera l’occasion de se rassembler, de partager, de créer et de tisser ensemble ce lien qui nous unit entre celles qui saignent, celles qui vont  bientôt saigner, et celles dont les saignements se sont arrêtés laissant place à une sagesse, une intuition et une transmission qu’il est temps de se réapproprier, de partager et d’écouter…

Mais ça c’est demain que je vous le raconterai !

Pour info www.chemins-de-traverse.ca


mercredi 25 mai 2016

Journée internationale des menstruations; Accueillir


À l’instar de  nombreuses femmes j’ai longtemps entretenu un rapport troublé avec la féminité. Essentiellement parce que pour moi cela rimait avec vulnérabilité ou potiche grimée et écervelée. Un gros jugement on s’entend ! Et pourtant ma mère, mes grands-mères et les autres femmes de ma vie n’appartenaient à aucune de ces catégories. Toutes étaient jolies, portaient de temps à autres des jupes fleuries, semblait bien avec leurs maris, se réalisaient dans des projets infinis et avaient même pris soin de transmettre à leurs enfants chéris les secrets de la vie! À mes premières règles mon père m’avait serré dans ses bras, en me disant qu’il était fier de moi, tandis que ma mère m’avait expliquée, accompagnée et encouragée le temps des crampes et des nausées.

Mais voilà ces crampes et nausées étaient ce que je ressentais face à cette féminité nouvellement déployée, en même temps qu’une immense responsabilité que je ne me sentais pas prête à assumer.

Si j’avais su …
Au fil du temps ce sentiment s’est mué en colère. D’un côté la société se servait de la féminité pour faire rêver; on l’affichait, l’exposait, la faisait suinter jusque dans les publicités de bières et de chars au grand air. De l’autre on la cachait, la voilait, la bafouait en faisant comme si de rien n’était. Pire, à l’autre bout de la terre, on s’en servait comme arme de guerre. J’étais amère et ne savais que faire.

Si j’avais su …
Ainsi je portais la dualité de l’exaltation de la séduction doublée du pouvoir de procréation mais aussi la vulnérabilité qu’un tel statut imposait parce que nombre de femmes étaient abusées, manipulées, agressées, violées, marchandées… objets. Ça me désespérait au quotidien et me mettait carrément hors de moi, chaque mois où le sang était là.  Je ne voulais pas, faire partie de tout ça. D’effroyables crampes me foudroyaient, me forçant à garder le lit, à tenir compte de leurs débarquements pour organiser ma vie. C’était comme si mon corps se refusait, vomissait, contractait pour expulser ce soupçon de féminité qui s’acharnait à vouloir germer. Dans ces moments j’en voulais à l’humanité au complet, hommes et femmes rassemblés, de m’affliger tant de tourments et de précarités. C’était un supplice, une telle injustice.

Si j’avais su …
La seule chose à laquelle je m’accrochais, était qu’un jour cet état me permettrait d’enfanter. Malheureusement, la vie en a décidé autrement. Non seulement j’étais chaque mois affligée, mais le reste m’était refusé. J’ai passé des journées entières révoltées, désœuvrée à en vouloir à la terre entière de ne pouvoir devenir mère.

Si j’avais su …
J’ai commencé à faire un tout petit peu la paix, avec cette maudite féminité, lorsque mon fils est arrivé de son pays ravagé. J’étais devenue une maman relai, pour un bébé dont la première maman n’avait pu continuer. À mesure que je le maternais, je goûtais à une nouvelle sérénité et découvrais les vertus d’un corps efféminé même s’il n’avait pas accouché. Doucement mon antre apprivoisait l’idée d’une certaine féminité. Mon fils, je le câlinais, le massais, le portais, le laissais téter pour se réconforter même si je n’avais pas de lait. Pendant qu’il profitait, je m’apaisais et trouvais un réconfort dans la proximité de nos corps. Malgré tout,  mes menstruations demeuraient des moments de grandes tensions, d’incompréhension, de rébellion et de déception. Quoi que je fasse la mort filtrait dans mon corps.

Si j’avais su …
Un jour une amie m’a invitée à une soirée; Bakti femme sage était de passage, et allait bientôt offrir un rituel, en lien avec la dimension sacrée du cycle menstruel. En écoutant cette femme, s’offrait à moi une autre vision, des menstruations. Le fait de détenir un pouvoir de création, qui dans d’autres civilisation, était célébré et honoré. J’ai hésité, mais j’y suis allée, effrayée à l’idée de me retrouver entourée de femmes avec qui j’allais devoir parler (il allait falloir parler), peut-être me raconter, me dévoiler. J’avais peur de me sentir jugée, écartelée comme si je n’avais pas ma place dans cette communauté puisque j’étais amputée de ma féminité. Ce qui m’a convaincue d’y aller, c’est que je venais de perdre mon deuxième bébé… notre petite fille que nous attendions d’aller chercher dans son pays déchiré. J’étais désemparée, mêlée et j’avais besoin de me retirer pour me retrouver et qui sait obtenir des réponses à mes questions et tergiversations.

Si j’avais su …
Lorsque je suis arrivée le vendredi j’ai été accueillie, considérée pour la femme que j’étais, entièrement et tout simplement. Le rituel a commencé; collier de vie, broderie, parabole, cercle de parole, préparation à la quête de notre bâton. Ce qui m’a impressionné c’est que toutes les femmes rassemblées avaient leurs forces et leurs vulnérabilités et qu’il n’était pas facile, pour elles non plus, d’en parler et de s’accepter, telles qu’elles étaient. C’était comme si chaque récit, faisait écho à une autre histoire de vie. Chaque parcelle partagée alimentait la compassion, une réflexion, une décision, un pardon et surtout la sensation de faire partie de quelque chose de grand … et d’appartenir à un clan.

Si j’avais su, que ce n’était qu’un début …
Au cours de ces journées, j’ai pu envisager que cette grande vulnérabilité, cachait aussi une grande sensibilité. Sensibilité qui chez certains peuples est appréciée et respectée. Que cette sensibilité est un peu le balancier de l’humanité et que nous en sommes les gardiennes sacrées, de par le pouvoir qui nous a été confié. Qu’il est impératif de préserver ce sentiment, plutôt que de le nier à chaque instant, pour continuer de le faire exister, d’en parler, de le partager afin qu’il contribue à nos réalisations, rebellions, inspirations et créations. Qu’il faut prendre le temps de s’arrêter, de s’écouter, de marquer, d’enraciner, ce dont nous sommes porteuses et semeuses, tant dans nos noirceurs qu’au meilleur de nos humeurs.

Ainsi pendant des années, mois après mois, j’ai accueilli le sang qui coulait et fais la paix en célébrant ma féminité. J’ai brodé, filé perlé sur mon bâton, mes rêves, mes peurs, mes souhaits et mes projets. Je me suis accordée ces moments parfois tranquilles, retirée, dans la forêt, d’autres fois au milieu des tourments et des enfants. Mais chaque fois j’ai pris le temps parce que c’était devenu important. Au fil des lunes, ma féminité s’est déployée, enracinée et les maux de ventre se sont estompés. J’ai même osé les robes d’été ! Mon bâton de lune était devenu sacré.
Ce moment en lien avec le féminin, est également devenu porteur pour les miens. Quelques fois je leur racontais ou leur montrais ce que j’avais perlé, remercié ou souhaité en pensant à certaines de nos difficultés ou moments particulièrement appréciés. C’était l’occasion de parler de sujets qui à d’autres moments étaient difficiles à aborder, de me sentir considérée sans être critiquée ou jugée puisqu’il s’agissait d’un moment en lien avec mon bâton, et non une condamnation ou une accusation.

Quelques temps après, j’ai eu la chance de lire Lune Rouge de Miranda Gray. C’était la suite du chemin sur lequel j’avais commencé de m’engager. Un chemin que je voulais me dessiner, accueillir et fleurir. Ce fut une révélation; Elle y parle du tabou de la menstruation, de notre cycle de création, de l’arbre utérus à visualiser, de notre fécondité qui peut aussi en être une d’idée. Elle y aborde de nombreux aspects, qu’il me semble important de partager. Laissez-vous inspirer :
    l’énergie sexuelle au fil du cycle menstruel,
    le cadran lunaire pour noter et répertorier toutes nos fragilités, facilitées, excès, envolées afin de dresser un portrait de nos états, au fil du mois,
    la difficulté d’exister et d’exercer son pouvoir féminin, au quotidien,
    la nécessité d’enjoindre les femmes à cultiver leur féminité, à créer des archétypes contemporains, pour assurer de meilleurs lendemains à chacun,
    l’urgence d’éduquer et d’initier nos filles bien avant la puberté, de façon à ce que celles-ci puissent exercer leur féminité en toute légitimité et liberté,
    la possibilité de rencontrer nos déesses et de prendre conscience de notre sagesse,
    la remise en question de la société quant à la reconnaissance, l’acceptation et l’éducation du rôle de la menstruation, ainsi que celui de la religion dans la négation d’un pouvoir qui s’est perdu au fil des générations,
    éveiller à la notion que la menstruation puisse reposer sur un principe de régénération; chaque mois constituant la possibilité de recommencer et de créer,
    cultiver notre lien à la terre, célébrer l’action lunaire, d’être des femmes entières,
    ouvrir son subconscient pour s’éveiller aux anciens enseignements, reconnaitre la force et la douceur d’être des sœurs,
Et pour finir, elle enjoint les femmes à exprimer leur créativité, leur sexualité et leur spiritualité !

Si j’avais su… que je trouverai tout cela sur mon chemin, j’aurai eu moins mal au ventre c’est certain. J’en aurai moins voulu aux hommes, aux femmes, à l’humanité, à la nature et ses astres associés.

Si j’avais su… que sur le chemin de la féminité, je trouverai une voie dans laquelle m’engager, je n’aurai pas tant douté.

Si j’avais su… que je n’étais pas seule, qu’il ne s’agissait pas d’une vulnérabilité que d’accepter cette féminité, mais plutôt quelque chose de beau, une sorte de cadeau, confié par la vie pour veiller à l’infini et oser qui je suis.

Si j’avais su qu’un jour j’organiserai la journée des menstruations … demain je vous en raconterai les raisons !

En attendant toutes les infos sont ici :
www.chemins-de-traverse.ca/calendrier/

https://www.facebook.com/cheminsdetraverseetrituels/?fref=nf


mardi 17 mai 2016

Rituel pour renaitre d’un accouchement difficile

Je crois que l’on se rappelle toutes où nous étions le jour où nous avons découvert que nous étions enceinte. Dans la salle de bain après avoir fait pipi sur un petit bâton rose me direz vous ! Mais en fait je veux dire « où » à l’intérieur de nous… dans un état de surprise, d’euphorie, de bonheur, de doute, de peur, d’inquiétude, de perplexité, d’excitation. Et s’
il faut neuf mois pour faire un bébé, il faut aussi bien des mois pour faire une mère et cheminer vers le grand jour où ce bébé devra quitter notre ventre, cheminer dans notre antre, pour sortir entre nos jambes avant de revenir à notre ventre.

Un long chemin de réflexions, de remises en questions, d’accompagnement et de préparation pour finalement se sentir prête à emprunter ce chemin initiatique, ce rite de passage qu’est la mise au monde d’un enfant … et d’une mère. Un moment parfois craint, redouté, mais souvent rêvé, lu, questionné, discuté, imaginé, puis attendu. Un moment qui de plus en plus tend à permettre à la femme de renouer avec son féminin sacré, sa puissance, son essence, ainsi que la longue lignée qui l’unit aux femmes l’ayant précédée. Un moment que les femmes souhaitent de plus en plus se réapproprier pour s’affirmer, s’affranchir de certaines dérives médicales, honorer leur pouvoir, connecter à leur femme sauvage et aussi accueillir leur bébé dans un continuum de douceur, de bienveillance, de respect et de simplicité.

Mais il arrive des moments où la nuit devient longue, trop longue… où le cœur du bébé éprouve des difficultés, où la maman est aux confins de son propre chemin même si elle n’est pas encore arrivée. Il arrive des moments où il y a urgence, où il faut lâcher prise, et malheureusement dans l’urgence il y a rarement de douceur. Ainsi des femmes se retrouvent charroyée comme des marchandises, immobilisées, bardées de fils et de tuyaux, inondées d’ordres, pendant que leur cœur fond en larmes, que leur corps se fait mutiler et que leur âme prend peur… tellement peur qu’elle perd le contact avec le bébé… le bébé qui sortira bien fatigué de cette épopée et qui trop souvent sera rapidement emmailloté et emporté loin du ventre de sa maman épuisée, vidée, désemparée, humiliée. Une maman qui devra vivre avec la sensation d’avoir tout raté… d’avoir raté son accouchement, d’avoir raté la mise au monde de son enfant… d’avoir raté sa propre mise au monde. Et le pire en matière d’accouchement c’est que l’on ne peut pas se reprendre. On ne peut pas rembobiner le fil et recommencer. Il en est ainsi. Il en sera ainsi pour toute la vie. Pour toute la vie la femme, la mère aura à assumer… assumer son rêve brisé, assumer d’avoir malmené* son bébé,  assumer d’avoir nié son essence sacrée… assumer d’avoir cette histoire à raconter… assumer de pleurer et de pleurer encore toutes les larmes de son corps, alors qu’elle devrait être heureuse, comblée d’être sauve et d’avoir un si beau bébé.

A moins que …
À moins qu’elle puisse faire un rituel de remise au monde, de renaissance.
Chacune pourra le faire à sa façon.
Pour celles qui souhaitaient accoucher dans l’eau, on peut remplir la piscine ou le bain de nouveau, y parsemer des pétales de fleurs, mettre la musique que nous avions prévue. On pourrait faire la même chose dans notre lit, sur une couverture près du poêle à bois, dans une yourte ou un petit chalet isolé. L’idée c’est de recréer le cocon que l’on avait préparé. Une fois que tout est paré, il faut s’assurer d’être prête. Prête à faire le pas… celui de rebrousser chemin, de revisiter des espaces douloureux et de retisser son histoire. Pour commencer la femme peut pénétrer seule dans l’endroit ou accompagnée de son conjoint. Ce peut être l’occasion de revisiter toutes les émotions liées à l’évènement; les peurs, la colère, la douleur, les déceptions, de laisser couler toutes les larmes que l’on aura peut-être refoulées, de dire l’indicible. Ensuite peut arriver un temps pour accueillir, s’accueillir, laisser aller la culpabilité, les remords. Et puis vient le temps de chouchouter son corps malmené, d’apprivoiser les marques, les cicatrices, les raccommodements par des caresses, des mots doux, un dessin au henné… et enfin peut-être celui de se pardonner. Lorsque la femme est apaisée et se sent pleinement prête à  accueillir une nouvelle réalité, à revivre ce moment et à le célébrer, on peut apporter le bébé. Certaines femmes auront besoin de revivre leurs contractions, de gémir, d’imaginer la sensation de pousser… à chacune de se laisser aller pour se retrouver. Puis, au moment désiré on place l’enfant entre les jambes de la mère de façon à ce qu’elle puisse le cueillir et l’amener à elle… sur son ventre. Faire avec lui et son conjoint, ce qu’ils avaient prévu, espéré, rêvé.

Cela, certes, ne change pas la réalité, mais les rituels ont le mérite d’être un théâtre pour notre subconscient, permettant ainsi d’apaiser nos blessures, mais aussi et surtout de restituer son pouvoir à la mère, aux parents, en vivant une situation positive, en la ressentant au plus profond d’elle même, en honorant son chemin de déesse et plus tard en racontant son accouchement. Ainsi le récit de celui-ci pourra commencer par son chemin initié, rêvé, préparé, avant d’être dévié, pour finalement être ritualisé et en faire un évènement sacré, rempli de son identité, de ses fiertés, de sa bienveillance envers son bébé, de la proximité de son conjoint… un évènement rempli de sens où la peur pourra être remplacée par les réjouissances et … une renaissance.





* loin de moi l’idée de suggérer que certaines femmes malmènent leur bébé lors d’accouchement compliqué, il s’agit plutôt de l’émotion qu’il peut arriver d’éprouver.
* ces quelques mots constituent une trame de suggestion, libre à chacun de retirer des éléments et d’en ajouter ceux qui seraient plus appropriés ou porteurs. C’est toute la beauté du rituel; créer, retrouver le sens du sacré, selon nos besoins et souhaits !
*merci à Karine la sage femme qui m'a inspiré ce texte http://www.karinelasagefemme.com

Pour plus d'infos sur les rituels de grossesse, de maternité, de la vie de femme et de jeune fille, l'arrivée des premières règles, et le calendrier lunaire
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